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Maroc-Amérique :Histoire et diplomatie
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Maroc-Amérique :Histoire et diplomatie
Maroc-Amérique :Histoire et diplomatie
16 novembre 2006

Les Iraniennes en exil s'expriment par la littérature

Les Iraniennes en exil s'expriment par la littérature

(L'absence de censure ouvre la voie à la créativité des femmes qui
veulent
raconter leur propre histoire.)

Nombre de femmes d'origine perse vivant aux États-Unis et
ailleurs saisissent l'occasion qui leur est donnée de raconter leur
vécu,
grâce à des libertés plus larges et à un sentiment croissant de
sécurité
dans leur nouveau pays d'adoption, et le monde littéraire commence à
manifester à leur égard un intérêt croissant.

Mme Persis Karim, professeur associée d'anglais et de littérature
comparée
à l'université d'État de San Diego en Californie, a déclaré qu'au cours
des
cinq à six dernières années, il y a eu une « explosion » de mémoires
écrits
par des femmes d'origine iranienne qui abordent le sentiment de perte
et de
nostalgie lié au départ de leur pays ainsi que des sujets tabous comme
la
sexualité et l'amour.

S'exprimant à l'université du Maryland le 2 novembre, Mme Karim a
attribué
ce foisonnement littéraire aux États-Unis à « un réel désir de relater
sa
propre histoire et à une curiosité de la part des lecteurs américains
et
des maisons d'édition d'en savoir davantage sur les femmes iraniennes
».

Les femmes de la diaspora iranienne sont en train de se « redécouvrir
», a
affirmé Mme Karim car elles ressentent, plus que les hommes, le besoin
d'être mieux représentées aux yeux du monde. Elle a expliqué que ce
besoin
provient en partie de leur réaction face au portrait que font les
médias
des femmes iraniennes dissimulées derrière un voile et apparemment
empêchées de s'exprimer. Mais elles veulent aussi se décrire
elles-mêmes «
car d'une certaine façon, elles n'en n'ont jamais eu l'occasion ».

Persis Karim a ajouté que la liberté d'écrire sans censure pour ces
femmes
de la diaspora est « un élément vraiment crucial » dans cette nouvelle
vague littéraire et dans son recueil intitulé « Let Me Tell You Where I
Have Been » (laissez-moi vous dire d'où je viens), elle inclut des
nouvelles et des poèmes écrits par des femmes à l'insu de leur famille
ou
sans leur consentement qui abordent une large gamme de thèmes liés à la
sexualité, thèmes généralement réprimés dans la culture traditionnelle
conservatrice de l'Iran.

« Ce qui est particulièrement passionnant et intéressant est le fait
que
ces femmes parlent de sexualité, de mariage et d'amour qui sont des
sujets
particulièrement délicats à traiter en Iran surtout à l'heure actuelle
»,
a-t-elle indiqué. « D'un point de vue littéraire, cette tendance est
très
intéressante. »

Ces femmes posent « des questions difficiles sur la culture américaine
et
iranienne » et Mme Karim a confié qu'« elles sont prêtes à les poser
par
écrit car je pense que l'absence de censure leur ouvre de nouveaux
horizons
».

La culture patriarcale considérée comme un frein à la démocratie

Marjane Satrapi, auteur de bandes dessinées installée en France, a
connu
une reconnaissance internationale spectaculaire, notamment pour son
album «
Persépolis », où elle raconte sa vie à l'époque de la révolution et de
la
guerre en Iran.

Son album « Broderies » aborde la situation des femmes et la sexualité
en
Iran, qu'elle décrit comme « un tabou énorme dans les pays où la
démocratie
est absente ». Marjane Satrapi se trouvait dans une librairie de
Washington
le 31 octobre dernier.

Parmi les sujets traités dans « Broderies », elle discute de la
virginité
et de son importance en Iran ainsi que la pression culturelle exercée
sur
les femmes.

« Cette question est la première clé qui ouvrira la porte à la liberté
et à
la démocratie car tant que le problème ne sera pas réglé, nous ne
pourrons
pas évidemment parler de démocratie », a-t-elle dit, ajoutant qu'elle
cherchait à « discuter de manière non agressive du droit des femmes à
s'épanouir sexuellement ».

« Je suis convaincue que le plus grand ennemi de la démocratie est la
culture patriarcale », a affirmé Marjane Satrapi. Elle a également
ajouté
qu'un président autoritaire et oppressif ne peut pas s'opposer à la
démocratie mais que la culture d'un pays peut le faire. Dans de
nombreux
pays, « la moitié de la société est réprimée par l'autre moitié en
raison
d'idées largement répandues selon lesquelles les femmes sont moins
intelligentes que les hommes ou qu'elles sont trop sensibles de nature
pour
accomplir la même chose que les hommes ».

La démocratie est une « évolution », a-t-elle dit. En Iran, même si les
femmes « disposent de la moitié des droits des hommes », 70 % des
étudiants
iraniens sont des femmes. Marjane Satrapi pense que le changement aura
lieu
lorsque les femmes seront financièrement indépendantes, mais en
attendant,
« notre gouvernement n'est pas vraiment représentatif des femmes ».

L'exil entraîne la nostalgie et des occasions de créer

Persis Karim explique que les Américaines d'origine iranienne
commencent à
« écrire elles-mêmes pour faire le récit de la situation récente en
Iran et
leurs ouvres sont caractérisées par une maîtrise assurée de la langue
anglaise ».

« Ce que j'ai observé dans leur écriture est une quête véritable pour
définir leur place entre la culture de l'Iran et celle des États-Unis
ou
d'un autre pays » a-t-elle ajouté. « De nombreuses jeunes Américaines
d'origine iranienne veulent se réapproprier leur patrimoine culturel
même
si elles sont conscientes d'en être éloignées à un certain degré. »

Parallèlement, déclare-t-elle, il existe une « génération entière de
jeunes
qui grandissent aux États-Unis et sont influencés et intéressés par la
culture iranienne. Ils cherchent à trouver un moyen de satisfaire cet
intérêt. »

Persis Karim a expliqué que la vie aux États-Unis, un pays d'immigrés,
a
créé ce qu'elle nomme « une littérature hybride ». Vivre dans un autre
pays
permet aux gens de « se réinventer et peut-être de redécouvrir leurs
traditions et de s'approprier un nouveau savoir influencé par leur
expérience d'immigrés ».

Cela permet également de se libérer du fardeau de la tradition, en
offrant
la possibilité aux écrivains de « créer quelque chose de nouveau, dans
une
nouvelle langue et avec une nouvelle expérience ».

Les ouvres rédigées par les Américaines d'origine iranienne sont
présentes
« dans toutes les conversations et même au-delà des États-Unis »,
a-t-elle
ajouté car les Iraniens habitent dans le monde entier.

« Je crois que l'impossibilité de pouvoir rentrer en Iran sans
problèmes ou
inquiétude ou l'incapacité à entretenir un lien régulier avec leur
culture
poussent ces femmes à parler de leur pays pour créer une relation avec
lui
», a-t-elle conclu.
signé:acharif moulay abdellah bouskraoui.
www.maisonblanche.canalblog.com

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